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3 questions à... Manon Garin-Marguerite, directrice opérationnelle de la Cité du développement durable


Créée en 2018 sous l’impulsion des différentes organisations présentes sur le campus du Jardin d’agronomie tropicale de Paris, la Cité du développement durable est un pôle pluri-acteurs de recherche et de coopération internationale sur le développement durable et les transitions écologiques. La structure a récemment accueilli Manon Garin-Marguerite, sa nouvelle directrice opérationnelle, avec l’objectif de développer ses activités de plaidoyer, de mise en réseau et d’évènementiel au service d’un collectif engagé pour la préservation de l’environnement.

 

Quel est votre parcours et comment résonne-t-il avec vos nouvelles missions de directrice opérationnelle de la Cité du développement durable ?

Mon parcours a été centré jusqu’à présent sur les questions de transitions écologiques et sur la sensibilisation des citoyen%u2219ne%u2219s à ces enjeux par les organisations de la société civile internationale. Diplômée en 2015 de l’École des affaires internationales de Sciences Po Paris, c’est d’abord par le prisme de la protection des droits humains et du droit pénal international que je me suis intéressée aux thématiques environnementales. J’ai notamment eu l’opportunité de travailler sur la définition de l’écocide, dont on parle beaucoup aujourd’hui, alors que le sujet n’en était encore qu’à ses balbutiements en France. De la protection des plus vulnérables à celle de leur environnement, il n’y avait qu’un pas. J’ai alors rejoint l’équipe interministérielle en charge d’organiser la COP 21, et plus particulièrement les Espaces Générations Climat, lieu inédit de rencontre des organisations de la société civile internationales et du grand public. J’ai ensuite coordonné pendant trois ans la direction des Programmes du WWF France : une expérience riche et formatrice auprès d’expert·e·s de haute volée. Dernièrement, j’ai retrouvé le ministère français de la Transition écologique, avec pour mission d’imaginer des Espaces Générations Nature adaptés au Congrès mondial de la nature de l’UICN. La pandémie de Covid-19 a cependant bousculé l’organisation de cet événement, initialement prévu à Marseille en juin 2020. Il devrait avoir lieu en septembre prochain, avec plus de 200 organisations de la société civile française réunies dans les Espaces Générations Nature pour donner aux citoyen·ne·s les clefs pour contribuer à leur niveau à la préservation de la biodiversité.

Ces expériences m’ont non seulement donné le goût du travail collectif, mais aussi confirmé la valeur et la capacité de ce dernier à peser sur la recherche de solutions globales. J’y ai aussi appris à coordonner des acteur%u2219rice%u2219s multiples et internationaux, et à accompagner leur mise en synergie autour de projets communs. Je crois beaucoup au potentiel de la recherche pluridisciplinaire, à la richesse des savoirs d’expériences et à l’expertise pour inventer les modèles durables de demain. Après avoir œuvré à l’organisation d’événements internationaux temporaires, j’ai le sentiment que l’ancrage pérenne de la Cité du développement durable dans un lieu aussi chargé d’histoire que le Jardin d’agronomie tropicale de Paris lui donne une dimension très particulière.

 

Quel rôle la Cité du développement durable peut-elle jouer dans le paysage des acteurs français du secteur ?

La Cité du développement durable est un pôle unique en son genre, implanté au cœur du Jardin d’agronomie tropicale de Paris. Cette association créée en 2018 regroupe une vingtaine d’organisations représentatives de la diversité des acteur·rice·s du développement durable et des transitions écologiques, engagé·e·s en France et dans la coopération internationale (organismes de recherche, de formation, universités, bureaux d’étude, ONG, fonds de dotation, collectifs de concertation, entreprises de l’économie sociale et solidaire, etc.). Face à la nécessité d’initier de nouvelles trajectoires de développement, la Cité s’est constituée autour de l’objectif de décloisonner les expertises et les recherches. L’enjeu est de partager les expériences en cours ici et ailleurs, d’en débattre et de faire émerger des collaborations inédites pour approfondir et peut-être consolider les solutions identifiées. Le soutien de l’Agence française de développement en 2020 a permis au projet de se structurer et de fixer les priorités pour les quatre prochaines années.

Arrivée très récemment, je découvre petit à petit auprès des membres de la Cité l’ampleur de l’ambition qu’ils se sont fixée et la particularité du rôle qu’ils entendent jouer dans le paysage du développement durable. La Cité a en effet le potentiel pour devenir un lieu de référence des connaissances expertes et scientifiques sur les modèles de développement et les changements des pratiques individuelles et collectives. Grâce à ses connexions nombreuses et de long terme avec les pays du Sud, elle vise à faire émerger un échange de pratiques innovantes, à repérer des savoir-faire inspirants pour toutes et tous. Elle souhaite également devenir un interlocuteur clef des pouvoirs publics sur les Objectifs de développement durable et la solidarité internationale.

Enfin, l’ambition de la Cité est liée à la trajectoire du Jardin dans lequel elle est implantée, et des parcelles qui l’entourent. La Ville de Paris, propriétaire de ces espaces, conduira prochainement une phase de réhabilitation pour les ouvrir encore davantage au grand public. La Cité sera fortifiée par cette impulsion à devenir un lieu fédérateur, favorisant une meilleure connaissance des problématiques du développement durable en France, en Europe, et dans les pays partenaires de la coopération internationale.

 

Quelles sont vos priorités pour les prochains mois ?

J’aborde ma mission avec beaucoup d’humilité, et en soutien aux membres de la Cité qui réfléchissent depuis plusieurs années à la construction de ce projet collectif. Ma priorité est donc en premier lieu de les écouter, de comprendre les spécificités et missions de chacun%u2219e de leurs organisations, les richesses qu’ils entendent apporter.

Il me faudra ensuite proposer des outils pour améliorer la circulation de l’information, d’abord entre les membres pour faciliter l’émergence de collaborations, puis vers l’extérieur pour faire connaître nos projets. L’objectif est en somme d’aider les membres à « faire Cité dans et hors les murs », en construisant des ponts avec de nouveaux partenaires. La Cité sera d’autant plus pertinente si elle est construite avec et soutenue par des énergies extérieures.

De manière plus immédiate, l’automne 2021 devrait constituer un temps de réouverture et de montée en puissance de la Cité, avec de nombreux événements d’ores et déjà programmés autour de la Semaine européenne du Développement durable (du 18 septembre au 8 octobre), la 4e édition du festival étudiant des TroPikantes ou encore l’inauguration du Pavillon Tunisie. Récemment rénové, il accueillera à la fois un point de restauration responsable et un centre de ressources animé par la Cité.

 

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